Quel pays fournit le gaz en france actuellement ?

La question de l'approvisionnement en gaz naturel est devenue un enjeu stratégique majeur pour la France, notamment dans le contexte géopolitique actuel. Avec une consommation annuelle d'environ 450 TWh, le gaz représente près d'un quart du mix énergétique français. Comprendre l'origine de cette ressource essentielle et les dynamiques qui façonnent son importation est crucial pour appréhender les défis énergétiques auxquels le pays fait face. Quels sont les principaux fournisseurs de gaz de la France aujourd'hui ? Comment le paysage de l'approvisionnement a-t-il évolué récemment ? Quelles stratégies la France met-elle en œuvre pour sécuriser ses approvisionnements ?

Panorama des fournisseurs de gaz en france

La France, ne disposant pas de ressources gazières significatives sur son territoire, dépend presque entièrement des importations pour satisfaire sa demande en gaz naturel. Historiquement, le pays a développé un portefeuille diversifié de fournisseurs, une stratégie qui s'est avérée particulièrement pertinente dans le contexte actuel de tensions géopolitiques.

Jusqu'à récemment, la Russie occupait une place prépondérante dans l'approvisionnement gazier français, représentant environ 17% des importations. Cependant, les événements récents ont considérablement modifié cette donne, poussant la France à accélérer la diversification de ses sources d'approvisionnement.

Actuellement, la Norvège s'est imposée comme le principal fournisseur de gaz de la France, couvrant plus d'un tiers des besoins du pays. L'Algérie, le Qatar et les États-Unis figurent également parmi les sources importantes, avec une part croissante pour le gaz naturel liquéfié (GNL) dans le mix d'importation.

La russie : ex-principal exportateur de gaz vers la france

Gazprom et les contrats long-terme avec engie

Pendant des décennies, la Russie, via son géant Gazprom, a été un partenaire majeur dans l'approvisionnement gazier de la France. Les contrats à long terme entre Gazprom et Engie, le principal fournisseur de gaz en France, garantissaient un flux stable et prévisible de gaz russe vers le marché français. Ces accords, souvent d'une durée de 20 à 25 ans, offraient une sécurité d'approvisionnement et une certaine stabilité des prix.

Impact des sanctions sur l'approvisionnement russe

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a provoqué un séisme dans les relations énergétiques entre l'Europe et la Russie. Les sanctions économiques imposées par l'Union européenne, combinées aux réductions volontaires des importations de gaz russe par de nombreux pays, ont drastiquement réduit le flux de gaz russe vers l'Europe, y compris la France.

La part du gaz russe dans les importations françaises est passée de 17% à moins de 9% en l'espace de quelques mois, marquant un tournant historique dans la politique énergétique du pays.

Alternatives au gaz russe : le défi de la diversification

Face à cette nouvelle réalité, la France a dû rapidement trouver des alternatives pour combler le déficit créé par la réduction des importations russes. Cette situation a accéléré la diversification des sources d'approvisionnement, avec un accent particulier mis sur l'augmentation des importations de GNL et le renforcement des liens avec d'autres fournisseurs traditionnels comme la Norvège et l'Algérie.

La norvège : nouveau premier fournisseur de gaz français

Equinor et les gisements de la mer du nord

La Norvège, grâce à ses vastes réserves en mer du Nord, est devenue le principal fournisseur de gaz naturel de la France. Equinor, la compagnie nationale norvégienne, joue un rôle central dans cette dynamique. Les gisements norvégiens, connus pour leur fiabilité et leur proximité géographique avec l'Europe, offrent une alternative stable et sûre au gaz russe.

Le gazoduc franpipe : infrastructure clé

Le Franpipe , un gazoduc sous-marin reliant directement la Norvège à la France, est l'artère principale par laquelle le gaz norvégien atteint le marché français. Cette infrastructure, d'une capacité annuelle de 19,6 milliards de mètres cubes, assure un approvisionnement continu et efficace, renforçant la sécurité énergétique de la France.

Potentiel d'augmentation des exportations norvégiennes

Face à la demande croissante de l'Europe pour du gaz non-russe, la Norvège a exprimé sa volonté d'augmenter sa production et ses exportations. Cependant, cette augmentation est limitée par les capacités de production actuelles et les considérations environnementales. La France, comme d'autres pays européens, cherche à sécuriser des volumes supplémentaires auprès de ce fournisseur fiable.

Autres sources d'approvisionnement gazier de la france

Algérie et le gazoduc medgaz

L'Algérie reste un fournisseur important pour la France, bien que sa part dans les importations françaises ait fluctué ces dernières années. Le gazoduc Medgaz, reliant l'Algérie à l'Espagne, permet indirectement l'acheminement de gaz algérien vers le marché français. Les relations énergétiques franco-algériennes sont marquées par une longue histoire, mais aussi par des défis liés à la stabilité politique et à la capacité de production algérienne.

Qatar et les importations de GNL

Le Qatar, leader mondial dans l'exportation de GNL, joue un rôle croissant dans l'approvisionnement gazier de la France. Les terminaux méthaniers français, notamment ceux de Fos-sur-Mer et de Montoir-de-Bretagne, permettent la réception et la regazéification du GNL qatari. La flexibilité offerte par le GNL en termes de sources d'approvisionnement est particulièrement précieuse dans le contexte actuel de diversification.

États-unis : essor des exportations de gaz de schiste

L'émergence des États-Unis comme exportateur majeur de GNL, grâce à la révolution du gaz de schiste, a considérablement modifié le paysage gazier mondial. La France a augmenté ses importations de GNL américain, profitant de cette nouvelle source pour diversifier davantage son portefeuille d'approvisionnement. Cette tendance s'inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des liens énergétiques transatlantiques.

Infrastructures françaises d'importation et de stockage

Terminaux méthaniers de Fos-sur-Mer, Montoir-de-Bretagne et dunkerque

La France dispose de trois terminaux méthaniers principaux : Fos-sur-Mer (avec deux terminaux), Montoir-de-Bretagne et Dunkerque. Ces infrastructures jouent un rôle crucial dans la capacité du pays à importer du GNL de diverses sources mondiales. Leur capacité combinée permet à la France de recevoir et de regazéifier d'importants volumes de GNL, offrant une flexibilité accrue dans la gestion de son approvisionnement gazier.

Les terminaux méthaniers français ont une capacité totale de regazéification d'environ 44 milliards de mètres cubes par an, soit près de 40% de la consommation annuelle de gaz du pays.

Capacités de stockage souterrain de storengy et teréga

Le stockage souterrain de gaz est un élément clé de la sécurité d'approvisionnement française. Storengy et Teréga, les deux opérateurs de stockage du pays, gèrent un réseau de sites souterrains répartis sur le territoire. Ces installations permettent de stocker d'importantes quantités de gaz pendant les périodes de faible demande (typiquement l'été) pour les utiliser lors des pics de consommation hivernaux.

Projets d'extension des capacités d'importation de GNL

Face à l'importance croissante du GNL dans le mix d'importation français, plusieurs projets d'extension des capacités d'importation sont à l'étude ou en cours de réalisation. Ces projets visent à augmenter la flexibilité et la résilience du système d'approvisionnement gazier français, notamment par l'installation de nouvelles unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRU).

Stratégies françaises pour la sécurité d'approvisionnement

Diversification des sources et routes d'importation

La stratégie française de sécurité d'approvisionnement repose sur une diversification accrue des sources et des routes d'importation de gaz. Cette approche vise à réduire la dépendance à un seul fournisseur et à augmenter la résilience face aux potentielles perturbations. La France cherche activement à développer de nouveaux partenariats énergétiques, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, tout en renforçant ses liens avec ses fournisseurs traditionnels.

Développement du biométhane et de l'hydrogène

La France mise également sur le développement de sources de gaz renouvelables pour réduire sa dépendance aux importations. Le biométhane, produit à partir de déchets organiques, connaît une croissance rapide, avec un objectif ambitieux de 10% de la consommation de gaz d'ici 2030. Parallèlement, l'hydrogène vert est considéré comme une solution d'avenir, avec des investissements importants dans la recherche et le développement de cette filière.

Réduction de la dépendance au gaz : efficacité énergétique et électrification

Au-delà de la diversification des sources, la France s'efforce de réduire sa dépendance globale au gaz naturel. Cette stratégie passe par l'amélioration de l'efficacité énergétique dans les bâtiments et l'industrie, ainsi que par l'électrification de certains usages traditionnellement gaziers, comme le chauffage résidentiel. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre plus large de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique.

La question de l'approvisionnement en gaz de la France reste un sujet complexe et en constante évolution. La diversification des sources, le développement des infrastructures d'importation et de stockage, ainsi que l'essor des gaz renouvelables sont autant de leviers actionnés pour garantir la sécurité énergétique du pays. Dans un contexte géopolitique incertain et face aux défis de la transition écologique, la stratégie gazière française continue de s'adapter, cherchant à concilier sécurité d'approvisionnement, compétitivité économique et objectifs environnementaux.

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